Nicolas Sarkozy parle d'obligation morale pour sa candidature
Par Yann Le Guernigou | Reuters il y a 2 heures 49 minutes
ANNECY, Haute-Savoie (Reuters) - Nicolas Sarkozy a déclaré jeudi que sa candidature à un second mandat relevait d'une obligation morale, pour éviter que les réformes mises en oeuvre depuis cinq ans ne soient remises en cause avec pour conséquence un affaiblissement de la France.
Pour son premier meeting de campagne au lendemain de l'officialisation de cette candidature, le président sortant a adopté un ton résolument offensif contre son principal rival, le socialiste François Hollande, accusé de mentir "matin et soir".
S'il a reconnu avoir commis des erreurs depuis qu'il est à l'Elysée, il a assuré dans le même temps qu'il s'était "toujours efforcé d'être juste, d'être sincère, de donner tout" ce qu'il pouvait.
"J'aurais pu m'en tenir là, me libérer de cette lourde tâche et en libérer ceux que j'aime, car si j'ai eu toute ma vie le goût d'agir, je n'ai jamais eu le goût du pouvoir", a-t-il dit devant quelque 4.000 personnes réunies dans la salle de conférence Arcadium d'Annecy.
"Mais je ne me suis pas senti quitte de la confiance qui m'a été faite", a-t-il aussitôt ajouté, en faisant valoir que bien des réformes mises en oeuvre sous son quinquennat "n'ont pas eu encore les résultats escomptés" pour permettre aux Français d'être mieux armés pour traverser la crise actuelle.
Nicolas Sarkozy a invoqué la perspective d'un retour victorieux "des vieux démons de l'idéologie qui nous ont coûtés si cher dans le passé", à savoir les 35 heures et la retraite à 60 ans mises en oeuvre par les socialistes, comme principale motivation de sa décision de rempiler.
"Lorsque j'ai compris que tous les efforts que les Français avaient accepté de faire depuis cinq ans risquaient de ne servir à rien si, au lendemain des élections les postures idéologiques devaient à nouveau triompher (...), j'ai jugé que je ne pouvais pas rester les bras croisés. Je devais être candidat."
"Il n'était moralement pas possible que je reste silencieux".
REGIME DES PARTIS
A partir de là, il a lancé sa charge contre François Hollande, accusé de vouloir affaiblir la France en remettant en cause la réforme des retraites ou le quotient familial.
Il a reproché en termes très vifs au candidat socialiste, qui caracole en tête dans les intentions de vote, d'avoir atténué dans le quotidien britannique The Guardian le réquisitoire contre la finance prononcé lors de son meeting du Bourget, déclarant :
"Quand on dit à la presse anglaise qu'on est libéral et quand on vient expliquer aux Français que l'ennemi c'est la finance on ment, on ment matin et soir et ce mensonge n'est pas à l'honneur de celui qui le professe."
Nicolas Sarkozy est par ailleurs revenu sur ses propositions de référendum sur le droit à la formation des chômeurs et le contrôle de l'immigration, pour se défendre des accusations de populisme qu'elles ont suscitées.
"Cela a eu un écho très sensible aux oreilles de ceux qui se sont toujours méfiés du peuple", a-t-il dit. "Ce sont les mêmes qui ont crié à la forfaiture lorsque le général de Gaulle a instauré l'élection du président de la République au suffrage universel."
Revendiquant l'héritage du fondateur de la Ve République, il a déclaré qu'il s'agissait de mettre fin à une situation où "les corps intermédiaires font écran entre le peuple et le gouvernement", alors que certains "rêvent encore de revenir à la IVe République et au régime des partis".
Il en veut pour exemple la "négociation tellement rafraîchissante" de l'accord électoral entre les Verts et les socialistes à propos du nucléaire, qui prévoit de ramener la part de cette énergie dans la production d'électricité de 74% à 50%, et la fermeture de la centrale de Fessenheim (Haut-Rhin), où Nicolas Sarkozy s'est rendu la semaine passée.
"Et le peuple là-dedans. Et les ouvriers de Fessenheim ? (...) Les partis qui s'arrangent entre eux, les petites combinaisons, c'est quand même plus simple, et puis entre gens du même monde avec les mêmes intérêts on se comprend très bien. Alors forcément, le référendum on l'aime pas !".